Les activités de veille se développent en Afrique francophone mais il est peu aisé de dresser un portrait type du professionnel qui exerce ce métier. Nous allons néanmoins essayer d’esquisser ce portrait à grands traits.
Il serait présomptueux de chiffrer précisément le nombre de professionnels de la veille en Afrique francophone. En se basant sur des recherches menées sur LinkedIn Sales Navigator, on peut cependant avancer qu’il en existerait quelques centaines[1], répartis assez inégalement dans l’ensemble des pays. Même si l’on inclut les managers de services de veille et les assistants veilleurs, on reste sur un total inférieur à un millier.
Les types de veille exercés par ces professionnels varient selon leur contexte de travail : veille concurrentielle, économique, juridique, médias, qualité, réputation, sectorielle, sécuritaire, stratégique, technologique… La plupart du temps, ils partagent leur temps avec d’autres activités que la pure veille : analyse, communication, documentation, intelligence économique, marketing… De la même façon, on trouve plusieurs types d’intitulé de poste : “Chargé de veille”, “Chef de projet veille”, “Veilleur analyste”, “Veilleur médias”, “Veilleur stratégique”…
Sans surprise, les professionnels de la veille sont plus présents dans les économies d’Afrique francophone qui ont le plus de poids, par exemple : Algérie, Cameroun, Côte d’Ivoire, Madagascar, Sénégal, Tunisie… Mais il est un pays qui se distingue sur cette activité puisque le Maroc compte pour un tiers des postes repérés.
Les employeurs se trouvent aussi bien dans le secteur public (administrations, agences nationales, ministères, organisations internationales) que dans le secteur privé (banques, grandes entreprises nationales ou étrangères, groupes industriels). A part le groupe ivoirien Veilleur des médias et le camerounais Media Intelligence, il existe peu de prestataires spécialisés sur la veille en Afrique francophone. Toutefois certains acteurs de l’intelligence économique (par exemple : CAVIE ou Global Intelligence Partners) mènent des activités de veille, de même que les agences d’e-réputation (comme Clear Impulse ou TBWA DJAZ).
Sans doute, ces activités de veille ne sont-elles pas toutes automatisées et reposent aussi sur des sources non digitales : documents imprimés, presse papier et surtout sur les contacts de terrain et le réseau humain. Mais l’utilisation des outils numériques gratuits se répand (agrégateurs de flux RSS, alertes e-mail, réseaux sociaux) et certaines structures prennent des abonnements à des sources payantes ainsi qu’à des plateformes d’éditeurs (les français KB Crawl, Sindup et surtout Digimind se développent en Afrique).
Une bonne partie des professionnels de la veille ont été formés aux outils et techniques du métier dans des formations spécialisées. Et si l’on considère le nombre de formations africaines à la veille, l’intelligence économique ou les sciences de l’information, on peut penser que les métiers de la veille vont croître en Afrique, au cours des prochaines années. Souhaitons-le afin que les veilleurs apportent eux aussi leur contribution à l’essor économique du continent.
[1] Cette estimation a été obtenue en croisant plusieurs stratégies de recherche complémentaires. On a bien sûr exclu les « veilleurs de nuit », « veilleurs météo » et « veilleurs d’aéroport », de même que ceux qui ne sont pas en poste (demandeurs d’emploi, étudiants…). On ne compte pas non plus les veilleurs travaillant sur l’Afrique francophone tout en étant basés hors du continent. Bien sûr, on pourra objecter que les veilleurs ne sont pas tous sur Linkedin mais reconnaissons qu’il est aujourd’hui difficile de faire de la veille sans avoir accès à ce réseau social.